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30/03/2013

Parfums d'Eros...

 

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« Femme  Bouteille - René Magritte - 1950.

 

 

On prête à Coco Chanel la phrase « Une femme qui ne se parfume pas n’a pas d’avenir ».

Outre la franche stupidité de l’axiome (les hommes se parfument aussi), il se trouve que si l’immortelle Gabrielle la citait en effet souvent, il semblerait bien qu’elle n’ait fait que l’emprunter à Paul Valéry…

Etant posé que je préfère le vers d’Aragon «  La femme est l’avenir de l’homme », étant donné aussi que l’avenir d’une femme est ce qu’elle en fera, parfum ou pas, attardons-nous tout de même un instant sur ces chers flacons. Et non parce qu'ils sont devenus objets de mode. Mais parce qu'ils sont partie prenante d'un mode de vie.

« Parfums d’Eros… » ai-je sous-titré ce blog. C’était à dessein. Pour moi, les deux sont indissociables.

Quoi de plus proche de notre peau que le parfum ? Certainement pas la plus aguicheuse des lingeries : le parfum se glisse entre elle et nous. Il s’immisce, il s’impose, il imprègne. Il est la porte ouverte à l'érotisme.

Eros du parfum, luxure sans pareil...

Eros onaniste chez celles et ceux qui se parfument avec des fragrances discrètes, ces parfums dits « de peau » que l’on renifle à son poignet en secret bien des fois au cours d’une journée et que l’on ne désire en rien partager avec les autres. Un plaisir jaloux et non-dit…

Eros torride dans ces « jus » que l’on arbore comme un message, ces parfums que l’on nomme « à sillage » et qui laissent savoir que vous êtes là et, longtemps après encore, que vous avez été là.

Là… dans un ascenseur et les hommes imaginent la porteuse de cette odeur si frappante, la passante - hélas - manquée qui était, à travers quelques notes volatiles, une promesse brûlante d’extase.

Là… dans un lit, et ce sont les prémices de ce qui va s’y passer ou la nostalgie de ce qui s’y est déjà passé.

Quel amant n’a jamais secrètement vaporisé sa propre écharpe du parfum de sa Dulcinée pour continuer à la garder sur lui-même absente ?

Quelle femme n’a pas un jour, sur son oreiller, « pschitté » un peu de la senteur de son Adonis afin que la nuit à venir ne soit pas tout à fait sans lui ?

Je ne parle pas ici pour les anosmiques, ceux et celles qui ne détectent pas (ou qui ne détectent que peu) les odeurs, ni pour les allergiques pour lesquels le parfum devient une souffrance, un véritable tue-l’amour, mais pour celles qui ne se sentent jamais aussi femmes que dans leur/s précieuse/s bouteille/s et qui savent qu’une guêpière, à côté de celui-ci, ne sera jamais qu’un futile artefact…

Je ne parle pas pour les sociétés dans lesquelles le parfum est une marque de mauvais goût, quasiment un tabou, mais pour celles où il est une ode à l’amour charnel.

Mais une chose est sûre et vous pouvez en faire le test - ne serait-ce que dans votre mémoire - sans tarder : l’amant qui vous aima parfumée et qui aujourd’hui est insensible à votre aura de notes est devenu insensible à vos grâces.

Eros ne pardonne pas.

Le parfum non plus !

 

 

Commentaires

Si vous passez un jour à Bruxelles, Aurora, venez donc visiter le Musée Magritte, à deux pas du Palais royal et de celui des Beaux-Arts (on dit Bozar, présent, multilinguisme et ère bobo obligent). Outre les oeuvres connues ou mois connues du maître belge du surréalisme, il présente aussi quelques-unes de ces citations. Comme celle-ci qui m'est chère : l'art non figuratif a aussi peu de sens que l'école non enseignante ou la cuisine non nourrissante.

Belle journée et bravo pour ce blog.

Écrit par : KeyserSoese | 02/05/2013

l'un de mes premiers petits amis utilisait non pas un parfum ou une eau de toilette, mais un savon parfumé
c'était en Espagne, tous les jours il se rendait à la plage avec ses parents, beaucoup plus tard, nous y prenions ma famille et moi le même chemin de sable, je sentais son odeur partout où il était passé, me réjouissant de le retrouver bientôt
en effet, cette fragrance ne trompait pas
il était bien sur la plage, dans son caleçon à rayures verticales, un peu flottant, jouant au ballon avec son père.

S'il ne parlait ni espagnol, ni français, moi je causais bien anglais et nous passions nos après-midis ensemble, avec ma petite soeur pour chaperon! elle ne nous lâchait pas d'une semelle, mais ne comprenait rien à la langue de shakespear!
Très vite, je fus acro de l'odeur de ce compagnon de jeux et de randos, beaucoup plus que de son physique ou de sa gentillesse
c'est que son parfum était très singulier, rien de ce que ma mère ait pu me faire connaître auparavant dans les assemblages qu'elle réalisait pour la fabrique familiale, ni de ce qui se vendait chez ma grand-mère qui, elle, possédait alors une boutique de parfumerie.
Impossible de décrire cette unique senteur aujourd'hui, d'en citer le moindre des supposés composants, si je me trouvais à nouveau en sa présence, je crois que je le reconnaîtrais immédiatement, et que je m'attendrais à voir surgir M-A.O. à mes côtés!
(Cet ami est toujours en vie, dans un autre hémisphère, j'ai découvert ses coordonnées il y a quelques mois sur le web, il a pris sa retraite. Je ne sais rien d'autre de lui.)

A la fin des vacances, son départ précéda le nôtre de deux jours, au cours desquels je retrouvais son odeur caractéristique tout au long du chemin de la plage, à l'aller comme au retour!
Ah torture délicieuse!
Consolation, il m'avait promis de me rendre visite l'année suivante chez moi lorsqu'il aurait une "perm" (il travaillait en mer)

pour occuper une longue année d'attente, j'appris à jouer de la guitare
et je restaurais une partie du grenier pour m'en faire une chambre acceptable, entouré de tout un appart baptisé "la taberna" dans le but de l'accueillir dignement.
Mais ceci est une autre histoire...

bonne nuit Aurora
merci pour ton beau texte qui mit en branle l'évocation du souvenir que je viens de rapporter ici

Écrit par : Kapadoce il | 23/05/2013

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