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30/11/2013

Poussière.

 

poésie, temps, temps qui passe, poussière

Photo « venue » du Web.

 

Si seulement nous laissions la poussière se déposer comme un respect muet sur les choses qui ne servent plus, un oubli chaud, lent à se former comme un souvenir, les cendres de Pompéi, les strates de terre au-dessus de Troie, une Odyssée sans Homère, notre histoire qui resurgit par des détails, la rouille sur les dents d’une scie, les lambeaux de ce peu d’étoffe qui ceignait alors mes flancs, les rayons tordus d’une bicyclette, le bois pourri de l’échelle abandonnée contre le tronc du cerisier. Si seulement nous laissions les traces de pas sur le parquet, comme s’il était de la neige où lire les mouvements de la nuit passée, la danse des lièvres et la chasse désespérée du renard.  Si seulement nous laissions les marques de doigts sur les poignées des portes et celles des fenêtres, si seulement nous savions le sacré des draps froissés qui avant-hier nous ont vus dans le souffle obscur de l’amour, si nous maintenions les formes dessinées dans les coussins sur le divan. Si seulement nous laissions la poussière se déposer sur nous et s’ajouter à celle du passé, nos erreurs mélangées au meilleur de nous, les gestes inaccomplis et ceux qui sont allés trop loin, comme si nous étions une mosaïque imparfaite encore en cours et non un tableau noir effacé à l’éponge qui renie ce qui a été écrit hier pour faire place à un aujourd’hui momentané, alors, peut-être, je ne m’effraierais plus de la sourde horreur du futur…

 




13/07/2013

Propos sur le bonheur...

 

Le bonheur

Photo © MaxPPP.

 

Dédié à mon fils.


Non, je ne me prends pas pour le philosophe Alain ! Ce n’est, une fois de plus, que l’un de mes mauvais poèmes en prose…

 

Laissez-moi vous susurrer quelques mots sur le bonheur…

Il n’est pas facile à comprendre. Il est même presque impossible d’en saisir la saveur. C’est seulement quand vous avez tout perdu ou que vous allez tout perdre que vous avez l’intuition de celle-ci. Toute la route d’une existence est inutile pour ça. Et en même temps, il est aussi essentiel de l’avoir parcourue que d’être resté immobile à espérer qui sait quoi. Systématiquement, nous inversons l’ordre des facteurs et c’est pour cela que le compte n’est jamais bon. Nous permutons le départ avec l’arrivée, le moyen de parvenir avec le but escompté. Et finalement, ce n’est jamais que le bonheur que chacun d’entre nous recherche. Et nous pensons toujours qu’il est nécessaire de faire quelque chose pour l’atteindre. Nous souhaitons des nouveautés à venir ou nous défendons avec acharnement quelques atomes ténus que nous possédons. La terrible vérité est que toute la force que nous y mettons est inutile. Tel du papier déchiré.

Du bonheur il nous a été enseigné qu’il appartient toujours au futur et qu’il ne vient qu’après de rudes efforts. Une sorte de paradis en serait l’emplacement physique de l’approche, une promesse évanescente de quelque chose qui, pour y accéder, n’exige qu’une méthode unique : réussir à entrer pour obtenir la permission d’en jouir.

Mais aucun lieu ne nous attend si nous n’avons pas su le découvrir durant le voyage. L’endroit que nous cherchons est en fait dans les clichés instantanés que nous avons dispersés immédiatement sans savoir les lire. Il est dans tout ce qui nous entoure, bien caché, ou que nous avons déjà vu mais que nous avons été incapables de cueillir. Restons vigilants : le bonheur est venu ou viendra par l’une des fenêtres entrebâillées du chemin de fer de nos vies. Il est dans les trois, les dix-sept, les quarante-cinq ou les quatre-vingt bougies posées sur le gâteau de nos anniversaires. Dans une caresse soudaine, un champ d’herbes sèches. Une voix au téléphone. Un « oui » prononcé par des yeux qui se lèvent pour croiser les nôtres. Il se révèle dans des rires qui fusent et une course de pieds nus le matin dans le couloir. Ou dans une porte fermée le soir alors que nous sommes tous à la maison. Il se fait connaître par un  baiser sur une peau encore humide au sortir d’un bain ou par le pain chaud posé à midi sur la table. Ou encore dans le cliquetis de la vaisselle et sous la forme d’un visage rieur.

Le bonheur, c’est lorsque personne, nous voyant apparaître, ne dit : « Désolé... Je ne me souviens pas... Mais qui êtes-vous?... Je ne vous connais pas ! ».

 

 

 

27/06/2013

Ecrit en filigrane...

 

Carnaval de Venise 2013.

Photo « venue » du Web.

 

 

Avez-vous déjà observé un filigrane ? C’est beaucoup plus qu’un papier et pourtant, si vous le regardez distraitement, il n’est que blanc, une simple feuille comme toutes les autres…

Mais si vous l’examinez attentivement, à contrejour, il dévoile son secret et vous révèle des dessins surprenants, des silhouettes impensables, des images qui vous avaient échappé au premier regard.

Je suis ainsi.

Si vous me jetez un coup d’œil en passant, vous ne verrez que bien peu.

Mais si vous prenez le temps de me scruter, d’approfondir votre vision à la lumière, vous trouverez mes mots cachés, enroulés comme des cheveux, mes histoires entremêlées les unes aux autres, fausses paraissant vraies, vraies semblant fausses. Et même des mondes que vous ne pensiez jamais explorer.

L’écriture, c’est cela.

Un filigrane, ce n’est qu’un masque. Un très beau masque. Un masque vénitien.

Et dessous, il y a la peau. Celle qui crie son plain-chant.

Celle qui aime…

 




19/06/2013

Te le dire...

 

Esclave de l'amour

Photo « venue » du Web.

 

 

C’est avec un filet de voix que, troublée de tant de temps, de tant d’images, je réussis cependant à Te le dire, avec des ombres sur mes lèvres mais sans baisser la tête et les yeux rivés droit vers Tes yeux.

Et depuis lors, je ne me suis jamais plus échappée (j’ai oublié comment le faire) mais je me laisse traverser sans trêve par les prémices de Ton vouloir, comme par une nécessité plus qu’essentielle. Je veux les devancer, nager entre le feu et la glace, être à Tes côtés avant même que Tu ne m’indiques où Tu Te trouves et quel est le nom que, ce soir, Tu donneras à Ton désir.

C’est avec un filet de voix que je réussis à me faire entendre et, qu’avec la même mesure, mon cœur parvient à Te chanter combien je suis Ton esclave d’amour…

 

 

 

NB en réponse à quelques mails :

Cet « Acte 2 », page intime et pêle-mêle d’une femme comme les autres, ne constitue pas mon blog « officiel » même si c’est sur celui-ci que vous parvenez par les moteurs de recherche.

L’autre existe toujours et nous l’avons repris régulièrement depuis le mois de mars.

Si vous le cherchez et que vous en avez l’adresse, vous pouvez vous y rendre.

Et si vous l’avez oubliée, il vous suffit de taper mon pseudo et les « quatre lettres » qui en constituent la thématique pour le retrouver facilement…  





17/06/2013

La poche trouée.

 

La main trouée, photographe, Simone Navarra

Photo © Simone Navarra.

 

 

Il prend d’elle chaque chose, il lui dérobe chacun de ses trésors et il les place là, dans sa poche droite, celle qui a un trou et que par négligence, il n’a jamais réparée. Et sa douceur, et ses sourires, et son amour tombent par terre avec quelques pièces de monnaie si légères qu’il ne s’aperçoit de rien. Ça n’a pas d’importance. Il croit toujours qu’il en trouvera de meilleurs.

 

 

10/06/2013

Mon voleur de baisers...

 

baiser

Tableau venu du Web.

 

 

Tu frappes au coin de mon menton et Tu demandes abri en invoquant timidement l’asile politique. Ce n’est qu’une fois sur mes lèvres que Tu révèles Ta véritable identité, dans un goût insolent de parfum suave et d’ennuis à venir. Tu éludes la barrière de mes dents d’un liquide tiède de messages chiffrés. Tu envahis mon palais d’un murmure de paroles étouffées et Tu mets ma bouche à feu et à sang en tournant comme la grande roue des manèges. Enfin, tu me souffles à la gorge toutes Tes promesses d’avenir.

Et Tu ris, heureux.

Tu es chez Toi. Sois le bienvenu...



08/06/2013

Le rouge et le blanc.

 

Coquelicots, paquerettes

Photo © jmboix.


 

Je me souviens d’un mois de juin d’il y a plus de deux décennies.

J’étais dans un train. Il traversait une plaine entière de champs laissés en jachère.

Partout, à perte de vue, des coquelicots et des pâquerettes, côte à côte.

Comme la  thèse et l’antithèse. Le rouge et le blanc. La frénésie et le calme mêlés.

Il fallait seulement savoir les déchiffrer. Pour moi, ils parlaient d'un adieu... C'est l'Italie que je quittais. Et l'amour de mes vingt ans.

Il existe de même tout autour de nous de nombreux livres non écrits que nous ne prenons pas la peine de lire : la forme des maisons, des meubles, d'un arbre. Un corps. Une main légèrement pliée telle un lys sur notre épaule.

Et pourtant ces livres sans titre disent des choses…Nous les savons d’instinct ou bien elles nous demeureront inconnues.

Mais ils sont là, ces livres sans pages. A lire, à vivre. Comme la beauté, Comme une intimité inattendue. Comme certaines scènes. Celles que nous n'oublierons jamais.

La forme ultime du désespoir. Ou de la perfection…