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23/12/2013

Parfums d’Eros : Eau de Parfum - Chantal Thomass - 2002.

 

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Tableau « Just an another day » © Jack Vettriano.

 

Ce n’est pas dans ma petite ville de France qu’on pouvait en apercevoir aux devantures des boutiques de lingerie. En Italie, n’en parlons même pas… La société était en ces temps-là ce qu'elle était.

Je vis les premières à Londres, il y a des années et des années de cela, dans ce quartier de Soho qui me semblait un peu particulier parce que les sex-shops y voisinaient alors avec les  différentes marques de fast-food et leurs « restaurants ». C’étaient vraiment les premières jarretières qui se présentaient à moi, moi qui rêvais de mettre un jour des bas mais qui ne m’imaginais pas une seule seconde harnachée de ces porte-jarretelles dont j’ignorais tout du fonctionnement.

Non loin de là, les cabarets érotiques (pornographiques ?) donnaient leurs « happening live » où les corps s’unissaient à heure fixe dans des filets tendus au-dessus des spectateurs.

Dans la maison où je logeais, l’hôtesse qui me louait une modeste chambre avait un fils qui jouait de la guitare électrique. Lui et moi nous entendions bien et la brave dame aurait bien voulu que je reste, pensant que j’étais la personne idéale pour lui.

Mais mes vingt ans avaient déjà un fiancé italien qui « musiquait » bien mieux que le jeune homme anglais. Un fiancé italien qui n’était pas porté sur le sexy « visible », sur les bas, les porte-jarretelles  et pas même sur les jarretières.  

Et pourtant, tous les soirs à Soho, je passais les voir dans ce sex-shop un peu chic, nichées bien au chaud, noires dans leur boîte de carton noir mais j’étais une pauvre étudiante et c’était en définitive un très grand désir mais un achat inutile et ruineux.

J’ai mis presque vingt ans encore à en avoir un jour, des belles, des vraies. Non pas noires comme celles de Soho mais ivoire. Celui pour lequel je les ai revêtues les trouvait belles, me trouvait belle avec elles. C’est un souvenir de sensualité et de féminité très fort.

Les années filent (comme les bas) et l’on finit un jour par se retourner vers son passé. Je n’ai pas oublié Soho, ni l’Angleterre. L’Italie encore moins.

Mais lorsque la capitale anglaise me revient en mémoire, qui sait pourquoi, c’est toujours une image de jarretières qui s’impose…Et celle de l’Eros d’une très jeune femme.


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« Eau de parfum » - Chantal Thomass - 2002.

 

Le texte ci-dessus me paraît correspondre assez bien - même si par usage de  la loi des paradoxes seulement - à ce « Floral-Fruité » de 2002 créé pour la styliste de lingerie Chantal Thomass avec son flacon orné d’une minuscule jarretière de tulle noir.

En voici la pyramide :

Notes de Tête :Framboise, Feuilles de framboisier, Airelle,  Pomme d’amour.

Notes de Coeur : Fleur  de violette, Fleur d’oranger, Rose, Héliotrope.

Notes de Fond : Ambre gris, Patchouli, Santal, Muscs Blancs.

S’il est devenu un classique et s'il fait partie de ma « collection », si j’ai une à deux fois l’an plaisir à le porter, s’il ne vire pas sur ma peau, il n’est plus aujourd'hui parmi mes grands favoris.

J’ai comme le sentiment qu’il a ouvert la voix à tous les parfums de sa famille (floraux-fruités) qui tiennent haut le pavé » de la parfumerie mainstream depuis maintenant plus de 10 ans et dont le récent affreux « La Petite Robe Noire » de Guerlain est le meilleur exemple.

Ce type de fragrance dites « girly » m’insupporte beaucoup à une exception près, le « Pleats Please » d’Issey Miyaké qui - comme le Chantal Thomass - tient magnifiquement en harmonie avec mon épiderme pendant la journée entière sans donner l’impression que je suis passée à Monop’ m’acheter un parfum de grande surface…

 

 

 


 

 

12/06/2013

Parfums d'Eros: Equipage - Hermès - 1970.

 

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Tableau « Pincer Movement » © Jack Vettriano.

 

 

Je me rappelle lorsque Tu vins me visiter pour la première fois.

Onze ans auront bientôt passé mais pas le moindre détail ne s’est enfui de ma mémoire : toutes les nuances de Ton visage inattendu malgré la photo envoyée, les coups de pinceaux évanescents de ces couleurs qui n’appartiennent qu’à Toi, dans un camaïeu de brun chaud et de noisette, le son grave de Ta voix...

Tu m’apparais, lorsque je repense à ce jour-là, comme un tableau appris par cœur qui me regarde à chaque instant, un tableau mouvant qui allait nous entraîner vers ce lit heureux où tout commença, entre les gestes tendres et ceux, plus étranges, qui demandaient des instruments pour s’accomplir. Et le jouir qui en naquit, pour Toi comme pour moi. Ce jouir que nous espérions mais dont nous ignorions s’il serait comme nous au rendez-vous.

Il le fut. Et depuis, je T’appartiens.

Tu portais un parfum ineffable, piquant et doux en même temps, il imprégnait toute Ta personne et semblait accroché à chacun de Tes mouvements et à chaque parcelle de Ta peau. Il était d'une sensualité incroyable.

Quand nous nous fûmes joints et unis dans nos chairs, il resta longtemps non seulement dans mes narines mais aussi sur mon épiderme, comme une vague délicate et tiède de promesse tenue…



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« Equipage » - Hermès - 1970.

 

 

« Equipage » d’Hermès est le premier parfum masculin lancé par la célèbre maison en 1970.

Le « nez » qui le créa est Guy Robert, disparu en mai 2012.

C’est une eau de toilette dont la pyramide se compose ainsi (hors des reformulations qu’il a probablement subies) :

Notes de tête : sauge sclarée, bois de rose, orange, macis.

Notes de cœur : œillet, cannelle, aiguilles de pin, muguet.

Notes de fond : mousse de chêne, fève tonka, patchouli, vétiver.

Classé parmi les « fougères », catégorie où la fougère ne tient aucune place, c’est surtout un « aromatique ». Il est devenu aujourd’hui un grand « classique » et, comme il tient très bien, il confère à ceux qui le portent une aura de distinction qui n’exclut pas un petit côté mystérieux et pimenté…




 


 

01/05/2013

Parfums d'Eros: "Bas De Soie" - Serge Lutens - 2010.

 

Jack Vettriano

Tableau © Jack Vettriano.

 

 

Les iris et les jacinthes en fleurs ont envahi la ville.

Elle a des bas de soie parce que c’est le printemps. Qu’elle a envie de sentir ses jambes crisser lorsqu’elle marche. Et d’être regardée. Regardée par des yeux qui voient au-delà de la trame du tissage. Des yeux qui imaginent ce qui se passe un peu plus haut.

Elle a des bas de soie parce qu’elle sait qu’ils aimeraient poser leur main sur ses chevilles et tout doucement, petit à petit, la laisser remonter. Jusque là, à l’endroit précis de l’estuaire entre la soie et l’élastique du porte-jarretelles, là où la peau est plus chaude, plus lisse, plus douce que la soie.

Et qu’elle sait que ce serait à elle de dire oui ou non.

Un « Non » qu’elle prononcerait très haut, tranchant comme une hache, claquant comme un coup de cravache.

Ou un « Oui » qu’elle n’aurait même pas à formuler tant il serait évident dans son mouvement d’avancer la hanche, de tendre sa jambe gainée de soie, ivre de soi…


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Bas de Soie - Serge Lutens  - 2010.

 

 

« Bas de Soie » est une eau de parfum de la marque de « niche » Serge Lutens, composé par le nez Christopher Sheldrake sous la houlette de Lutens et datant de 2010.

Sa pyramide est :

Notes de tête : galbanum, notes vertes

Note de cœur : jacinthe, épices, notes florales

Notes de fond : iris, notes poudrées.

Comme ce sont la jacinthe et l’iris qui prédominent, on y a vu souvent comme un « Chanel No 19 » revisité. C’est tout à fait à tort : ce parfum, malgré son nom, n’a rien de suave. Si c’est bien un « floral-vert », il est d’un vert qui crisse et craque. Un signal donné aux hommes sur la permission ou l’interdiction de rêver. A eux de le décrypter mais l’erreur est fatale ! Magnifique fragrance érotique pour une femme-femme qui décide et ne s’en laisse pas compter…







15/04/2013

D'où viennent ces odeurs qui embaument mon coeur?

 

lys

Lys blanc - Photographie « venue » du Web.

 

 

Lorsque l’on se découvre « perfumista », addict aux parfums, l’on s’aperçoit aussi bien vite qu’il y a des odeurs qui reviennent régulièrement dans les achats que l’on fait.

Au moment de donner un sous-titre à ce blog, j’en ai choisi quatre.

J’aurais pu faire mon « top ten » mais cela aurait été lourd pour un titre et je ne suis pas certaine que je serais arrivée à dix. Deux font défaut en tout cas (l’iris et la jacinthe) mais j’aurai l’occasion d’y revenir car mon idée de base est de parler de certains parfums en les associant à une petite fiction que j’écrirai autour d’eux.

Pour les quatre senteurs retenues, elles sont réellement les plus présentes dans mes parfums.

Commençons par le cuir : il est bien évident que l’on ne compresse pas de vieilles bottes pour en retirer la substantifique odeur : le cuir peut provenir de matières synthétiques dans les parfums de basse qualité mais comme ce n’est pas l’odeur la plus « courue », il est généralement tiré du bouleau, pour une senteur de cuir doux ou du styrax (une excroissance naturelle de l’aubier qui pousse en Asie ou en Amérique du Sud) lorsque l’on désire obtenir un cuir plus « fumé ».

L’ambre n’est pas l’ambre jaune (une résine fossile) que l’on voit sur les bijoux mais - dans les parfums de grande renommée - l’ambre gris, une concrétion intestinale du cachalot. Comme elle vaut très cher, elle est aujourd’hui la plupart du temps remplacée par des substituts de synthèse, en général la vanilline et l’absolu de labdanum.

Le lys est bel et bien une essence naturelle, c’est un composant qui apporte une note de fleur blanche souvent très solaire aux parfums qu’il honore de sa présence.

La tubéreuse est une autre fleur blanche mais comme elle se révèle, contrairement au lys, extrêmement entêtante, elle a la réputation d’être en parfumerie une note vénéneuse qui sied à la femme fatale, une véritable fleur d’Eros, un appel à l'érotisme : ce n’est pourtant - la cachottière - qu’une plante à bulbe mexicaine ou indienne, qui donne de hautes grappes de petites fleurs.

Pour ce post - et pour la raison évoquée plus haut - je ne nomme aucun parfum.

A ce stade, je laisse à celles et ceux qui passeront peut-être un jour et me liront le travail intense (sourire) de chercher à se remémorer les fragrances où ils ont eux-mêmes déjà senti cuir, ambre, lys et tubéreuse…





01/04/2013

"Parfumez-vous partout là où vous souhaitez être embrassée." (Coco Chanel).

 

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Photographie « Le cou de Lee Miller » par Man Ray -1930.

 

C’est de parfum sur la peau dont l’on parle ici en ce jour et non de celles qui s’aspergent (pourquoi pas?) en vaporisant sur leurs vêtements.

« Parfumez-vous partout là où vous souhaitez être embrassée » disait encore Coco Chanel (et là, elle l’a vraiment dit, cette phrase n’est cette fois-ci pas un emprunt!).

Cela laisse de la marge… Toutefois, les points où le sang pulse seront tout de même ceux qui rendront votre parfum le plus expressif et, le hasard faisant bien les choses, ils correspondent (presque) tous à la route du baiser…

Derrière les oreilles, la nuque, le cou, le creux du décolleté, le poignet et, plus bas, l’arc de la taille, l’intérieur des cuisses, celui des genoux et même le bas des chevilles…

Eros saura naviguer, ne vous inquiétez pas, tel Magellan découvrant peu à peu l’Océan Pacifique.

Un amoureux qui sera (s’il a du nez !) un explorateur de l’Océan Erotique, que pouvons-nous rêver de mieux ?

Que les brises du printemps vous apportent à toutes l’un de ces voyageurs de l’amour au long cours…






30/03/2013

Parfums d'Eros...

 

Rene-Magritte-femme-bouteille-1950.jpg

 

« Femme  Bouteille - René Magritte - 1950.

 

 

On prête à Coco Chanel la phrase « Une femme qui ne se parfume pas n’a pas d’avenir ».

Outre la franche stupidité de l’axiome (les hommes se parfument aussi), il se trouve que si l’immortelle Gabrielle la citait en effet souvent, il semblerait bien qu’elle n’ait fait que l’emprunter à Paul Valéry…

Etant posé que je préfère le vers d’Aragon «  La femme est l’avenir de l’homme », étant donné aussi que l’avenir d’une femme est ce qu’elle en fera, parfum ou pas, attardons-nous tout de même un instant sur ces chers flacons. Et non parce qu'ils sont devenus objets de mode. Mais parce qu'ils sont partie prenante d'un mode de vie.

« Parfums d’Eros… » ai-je sous-titré ce blog. C’était à dessein. Pour moi, les deux sont indissociables.

Quoi de plus proche de notre peau que le parfum ? Certainement pas la plus aguicheuse des lingeries : le parfum se glisse entre elle et nous. Il s’immisce, il s’impose, il imprègne. Il est la porte ouverte à l'érotisme.

Eros du parfum, luxure sans pareil...

Eros onaniste chez celles et ceux qui se parfument avec des fragrances discrètes, ces parfums dits « de peau » que l’on renifle à son poignet en secret bien des fois au cours d’une journée et que l’on ne désire en rien partager avec les autres. Un plaisir jaloux et non-dit…

Eros torride dans ces « jus » que l’on arbore comme un message, ces parfums que l’on nomme « à sillage » et qui laissent savoir que vous êtes là et, longtemps après encore, que vous avez été là.

Là… dans un ascenseur et les hommes imaginent la porteuse de cette odeur si frappante, la passante - hélas - manquée qui était, à travers quelques notes volatiles, une promesse brûlante d’extase.

Là… dans un lit, et ce sont les prémices de ce qui va s’y passer ou la nostalgie de ce qui s’y est déjà passé.

Quel amant n’a jamais secrètement vaporisé sa propre écharpe du parfum de sa Dulcinée pour continuer à la garder sur lui-même absente ?

Quelle femme n’a pas un jour, sur son oreiller, « pschitté » un peu de la senteur de son Adonis afin que la nuit à venir ne soit pas tout à fait sans lui ?

Je ne parle pas ici pour les anosmiques, ceux et celles qui ne détectent pas (ou qui ne détectent que peu) les odeurs, ni pour les allergiques pour lesquels le parfum devient une souffrance, un véritable tue-l’amour, mais pour celles qui ne se sentent jamais aussi femmes que dans leur/s précieuse/s bouteille/s et qui savent qu’une guêpière, à côté de celui-ci, ne sera jamais qu’un futile artefact…

Je ne parle pas pour les sociétés dans lesquelles le parfum est une marque de mauvais goût, quasiment un tabou, mais pour celles où il est une ode à l’amour charnel.

Mais une chose est sûre et vous pouvez en faire le test - ne serait-ce que dans votre mémoire - sans tarder : l’amant qui vous aima parfumée et qui aujourd’hui est insensible à votre aura de notes est devenu insensible à vos grâces.

Eros ne pardonne pas.

Le parfum non plus !