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30/11/2013

Poussière.

 

poésie, temps, temps qui passe, poussière

Photo « venue » du Web.

 

Si seulement nous laissions la poussière se déposer comme un respect muet sur les choses qui ne servent plus, un oubli chaud, lent à se former comme un souvenir, les cendres de Pompéi, les strates de terre au-dessus de Troie, une Odyssée sans Homère, notre histoire qui resurgit par des détails, la rouille sur les dents d’une scie, les lambeaux de ce peu d’étoffe qui ceignait alors mes flancs, les rayons tordus d’une bicyclette, le bois pourri de l’échelle abandonnée contre le tronc du cerisier. Si seulement nous laissions les traces de pas sur le parquet, comme s’il était de la neige où lire les mouvements de la nuit passée, la danse des lièvres et la chasse désespérée du renard.  Si seulement nous laissions les marques de doigts sur les poignées des portes et celles des fenêtres, si seulement nous savions le sacré des draps froissés qui avant-hier nous ont vus dans le souffle obscur de l’amour, si nous maintenions les formes dessinées dans les coussins sur le divan. Si seulement nous laissions la poussière se déposer sur nous et s’ajouter à celle du passé, nos erreurs mélangées au meilleur de nous, les gestes inaccomplis et ceux qui sont allés trop loin, comme si nous étions une mosaïque imparfaite encore en cours et non un tableau noir effacé à l’éponge qui renie ce qui a été écrit hier pour faire place à un aujourd’hui momentané, alors, peut-être, je ne m’effraierais plus de la sourde horreur du futur…

 




08/09/2013

L'habit de soi.

 

Ruth Bernhard

Photographie © Ruth Bernhard.

 

 

Déshabille-moi et puis rhabille-moi de Tes doigts de soie douce,

Mains tendres et caressantes qui effleurent et ne touchent

Mais glissent et courent sur mes bras tendus vers le ciel.

 

Enveloppe de Tes lèvres mon cou offert au désir de la perle.

Vagues de nacre : boutons posés sur mes épaules et nombril

Et, sur mes seins,  Tes mains en coupe qui dessinent des poches secrètes.

 

Fermeture éclair Ta langue qui monte et descend sur mon dos

Liquide toile d’araignée qui tisse entre les veines, les muscles,

Un habit sur mesure uniquement pour moi…






14/07/2013

A la mémoire de Léo Ferré, vingt ans après (1993-2013).

 

 

Pour une femme qui tient un  blog dont l’une des catégories se nomme « A mon âge et à l’heure qu’il est », ce jour ne peut qu’être consacré à la mémoire de Léo Ferré.

De celui-ci, poète engagé et chanteur de l’amour et de la révolte, disparu il y a tout juste vingt ans un 14 juillet (belle révérence d’anarchiste), je retiens et apprends à mon fils combien il fut surtout un « indigné » (cf. Stéphane Hessel) pétri d’« espoir » (le titre de l’un de ses textes sur l’Espagne sous Franco dans l’album éponyme).

Espoir en l’humanité, lui qui bâtissait déjà « L’Age d’Or » et qui nous donnait rendez-vous en l’an Dix mille au détour de sa chanson « Les Etrangers »

Et nous y serons, Léo, nous y serons, en l’an Dix mille, nous ou bien les enfants des enfants de nos enfants !

Mais puisque c’est de mémoire qu’il s’agit, vous pouvez voir ci-dessus la vidéo « live » de l’une de ses plus belles chansons « La mémoire et la mer » et en lire maintenant les paroles :

 

La mémoire et la mer - Léo Ferré (paroles et musique) - 1970.

 

La marée je l'ai dans le coeur
Qui me remonte comme un signe
Je meurs de ma petite soeur
De mon enfant et de mon cygne
Un bateau ça dépend comment
On l'arrime au port de justesse
Il pleure de mon firmament
Des années-lumière et j'en laisse
Je suis le fantôme Jersey
Celui qui vient les soirs de frime
Te lancer la brume en baisers
Et te ramasser dans ses rimes
Comme le trémail de juillet
Où luisait le loup solitaire
Celui que je voyais briller
Aux doigts du sable de la terre

Rappelle-toi ce chien de mer
Que nous libérions sur parole
Et qui gueule dans le désert
Des goémons de nécropole
Je suis sûr que la vie est là
Avec ses poumons de flanelle
Quand il pleure de ces temps-là
Le froid tout gris qui nous appelle
Je me souviens des soirs là-bas
Et des sprints gagnés sur l'écume
Cette bave des chevaux ras
Au ras des rocs qui se consument
Ô l'ange des plaisirs perdus
Ô rumeurs d'une autre habitude
Mes désirs dès lors ne sont plus
Qu'un chagrin de ma solitude

Et le diable des soirs conquis
Avec ses pâleurs de rescousse
Et le squale des paradis
Dans le milieu mouillé de mousse
Reviens fille verte des fjords
Reviens violon des violonades
Dans le port fanfarent les cors
Pour le retour des camarades
Ô parfum rare des salants
Dans le poivre feu des gerçures
Quand j'allais géométrisant
Mon âme au creux de ta blessure
Dans le désordre de ton cul
Poissé dans les draps d'aube fine
Je voyais un vitrail de plus
Et toi fille verte mon spleen

Les coquillages figurants
Sous les sunlights cassés liquides
Jouent de la castagnette tant
Qu'on dirait l'Espagne livide
Dieu des granits ayez pitié
De leur vocation de parure
Quand le couteau vient s'immiscer
Dans leur castagnette figure
Et je voyais ce qu'on pressent
Quand on pressent l'entrevoyure
Entre les persiennes du sang
Et que les globules figurent
Une mathématique bleue
Dans cette mer jamais étale
D'où nous remonte peu à peu
Cette mémoire des étoiles

Cette rumeur qui vient de là
Sous l'arc copain où je m'aveugle
Ces mains qui me font du flafla
Ces mains ruminantes qui meuglent
Cette rumeur me suit longtemps
Comme un mendiant sous l'anathème
Comme l'ombre qui perd son temps
À dessiner mon théorème
Et sur mon maquillage roux
S'en vient battre comme une porte
Cette rumeur qui va debout
Dans la rue aux musiques mortes
C'est fini la mer c'est fini
Sur la plage le sable bêle
Comme des moutons d'infini
Quand la mer bergère m'appelle…

 

 

NB : Sur mon autre weblog, pour celles et ceux qui en connaissent l’emplacement, un texte plus long et une autre vidéo…

Et comme je ne désire pas « lier » ici ce blog-mère, je précise toutefois qu’il n’est pas bien difficile à trouver car j’ai peu d’imagination pour les titres.


13/07/2013

Propos sur le bonheur...

 

Le bonheur

Photo © MaxPPP.

 

Dédié à mon fils.


Non, je ne me prends pas pour le philosophe Alain ! Ce n’est, une fois de plus, que l’un de mes mauvais poèmes en prose…

 

Laissez-moi vous susurrer quelques mots sur le bonheur…

Il n’est pas facile à comprendre. Il est même presque impossible d’en saisir la saveur. C’est seulement quand vous avez tout perdu ou que vous allez tout perdre que vous avez l’intuition de celle-ci. Toute la route d’une existence est inutile pour ça. Et en même temps, il est aussi essentiel de l’avoir parcourue que d’être resté immobile à espérer qui sait quoi. Systématiquement, nous inversons l’ordre des facteurs et c’est pour cela que le compte n’est jamais bon. Nous permutons le départ avec l’arrivée, le moyen de parvenir avec le but escompté. Et finalement, ce n’est jamais que le bonheur que chacun d’entre nous recherche. Et nous pensons toujours qu’il est nécessaire de faire quelque chose pour l’atteindre. Nous souhaitons des nouveautés à venir ou nous défendons avec acharnement quelques atomes ténus que nous possédons. La terrible vérité est que toute la force que nous y mettons est inutile. Tel du papier déchiré.

Du bonheur il nous a été enseigné qu’il appartient toujours au futur et qu’il ne vient qu’après de rudes efforts. Une sorte de paradis en serait l’emplacement physique de l’approche, une promesse évanescente de quelque chose qui, pour y accéder, n’exige qu’une méthode unique : réussir à entrer pour obtenir la permission d’en jouir.

Mais aucun lieu ne nous attend si nous n’avons pas su le découvrir durant le voyage. L’endroit que nous cherchons est en fait dans les clichés instantanés que nous avons dispersés immédiatement sans savoir les lire. Il est dans tout ce qui nous entoure, bien caché, ou que nous avons déjà vu mais que nous avons été incapables de cueillir. Restons vigilants : le bonheur est venu ou viendra par l’une des fenêtres entrebâillées du chemin de fer de nos vies. Il est dans les trois, les dix-sept, les quarante-cinq ou les quatre-vingt bougies posées sur le gâteau de nos anniversaires. Dans une caresse soudaine, un champ d’herbes sèches. Une voix au téléphone. Un « oui » prononcé par des yeux qui se lèvent pour croiser les nôtres. Il se révèle dans des rires qui fusent et une course de pieds nus le matin dans le couloir. Ou dans une porte fermée le soir alors que nous sommes tous à la maison. Il se fait connaître par un  baiser sur une peau encore humide au sortir d’un bain ou par le pain chaud posé à midi sur la table. Ou encore dans le cliquetis de la vaisselle et sous la forme d’un visage rieur.

Le bonheur, c’est lorsque personne, nous voyant apparaître, ne dit : « Désolé... Je ne me souviens pas... Mais qui êtes-vous?... Je ne vous connais pas ! ».

 

 

 

02/07/2013

Mes parfums sont pour Toi...

 

Parfum d'amour

Photo « venue » du Web.

 

 

Mes parfums sont pour Toi,

Sortilèges légers,

Mes parfums sont pour Toi

Et j’aime mes parfums.

 

Un voile d’ambre douce au creux de mes poignets,

Là où la veine bat, symbole de mon cœur.

Mystères de l’Orient aux forêts de mes tempes :

Bien plus qu’un vêtement, mes parfums me dévoilent.

 

Ils me ressemblent tant, ils ne parlent qu’à Toi :

Fleur suave samedi, message de désir

Et blanche du dimanche qui me suit pas à pas :

Lis donc dans mes parfums comme au fond de mes yeux !

 

Mes senteurs T’appartiennent qui viennent de mon corps,

Je fleuris pour Tes yeux, pour Ton regard à Toi,

Pour que Tu te souviennes dans des années encore

Des odeurs que trainaient mes cheveux dénoués…

 

Mes parfums sont pour Toi

Sortilèges légers,

Mes parfums sont pour Toi

Et j’aime mes parfums.

 





27/06/2013

Ecrit en filigrane...

 

Carnaval de Venise 2013.

Photo « venue » du Web.

 

 

Avez-vous déjà observé un filigrane ? C’est beaucoup plus qu’un papier et pourtant, si vous le regardez distraitement, il n’est que blanc, une simple feuille comme toutes les autres…

Mais si vous l’examinez attentivement, à contrejour, il dévoile son secret et vous révèle des dessins surprenants, des silhouettes impensables, des images qui vous avaient échappé au premier regard.

Je suis ainsi.

Si vous me jetez un coup d’œil en passant, vous ne verrez que bien peu.

Mais si vous prenez le temps de me scruter, d’approfondir votre vision à la lumière, vous trouverez mes mots cachés, enroulés comme des cheveux, mes histoires entremêlées les unes aux autres, fausses paraissant vraies, vraies semblant fausses. Et même des mondes que vous ne pensiez jamais explorer.

L’écriture, c’est cela.

Un filigrane, ce n’est qu’un masque. Un très beau masque. Un masque vénitien.

Et dessous, il y a la peau. Celle qui crie son plain-chant.

Celle qui aime…

 




23/06/2013

Vol de nuit.

 

peinture, John Armstrong, Analysis of Easter, 1940

Tableau “Analysis of Easter” - 1940 - © John Armstrong .

 

Altitude.

Mer. Mar(r)e des marées.

Cris d’oiseau de fer forgé.

Je suis un oiseau blessé.

Peur de perdre ma vitesse.

Voler. Loin. Très loin.

Oublier.

 

Amertume dans la bouche

Pour des paroles mesurées,

Thématique tactique

Des voyageurs embarrassés

Surpris à mentir

Sur leurs vraies pensées

Et sur où ils sont allés.

 

Lignes coupées.

Me sera-t-il possible

De tirer encore une fois un trait ?

Il fera jour demain

Et alors je le saurai.

 

La nuit. Insomnie.

Sifflement des trains.

Le sang bat à mes tempes.

La densité des objets

Est ainsi devenue sourde.

 

Le cœur est une machine à écrire

Mais ici l’encre est sympathique :

Il ne sert à rien de dire.

 

 

 

PS : Suite à de gros bugs de Yahoo Mail, j’ai changé l’adresse où vous pouvez me contacter (mail réservé exclusivement à mon activité de blogueuse) dans ma colonne de gauche.

Merci mille fois d’en prendre note…

 




19/06/2013

Te le dire...

 

Esclave de l'amour

Photo « venue » du Web.

 

 

C’est avec un filet de voix que, troublée de tant de temps, de tant d’images, je réussis cependant à Te le dire, avec des ombres sur mes lèvres mais sans baisser la tête et les yeux rivés droit vers Tes yeux.

Et depuis lors, je ne me suis jamais plus échappée (j’ai oublié comment le faire) mais je me laisse traverser sans trêve par les prémices de Ton vouloir, comme par une nécessité plus qu’essentielle. Je veux les devancer, nager entre le feu et la glace, être à Tes côtés avant même que Tu ne m’indiques où Tu Te trouves et quel est le nom que, ce soir, Tu donneras à Ton désir.

C’est avec un filet de voix que je réussis à me faire entendre et, qu’avec la même mesure, mon cœur parvient à Te chanter combien je suis Ton esclave d’amour…

 

 

 

NB en réponse à quelques mails :

Cet « Acte 2 », page intime et pêle-mêle d’une femme comme les autres, ne constitue pas mon blog « officiel » même si c’est sur celui-ci que vous parvenez par les moteurs de recherche.

L’autre existe toujours et nous l’avons repris régulièrement depuis le mois de mars.

Si vous le cherchez et que vous en avez l’adresse, vous pouvez vous y rendre.

Et si vous l’avez oubliée, il vous suffit de taper mon pseudo et les « quatre lettres » qui en constituent la thématique pour le retrouver facilement…  





17/06/2013

La poche trouée.

 

La main trouée, photographe, Simone Navarra

Photo © Simone Navarra.

 

 

Il prend d’elle chaque chose, il lui dérobe chacun de ses trésors et il les place là, dans sa poche droite, celle qui a un trou et que par négligence, il n’a jamais réparée. Et sa douceur, et ses sourires, et son amour tombent par terre avec quelques pièces de monnaie si légères qu’il ne s’aperçoit de rien. Ça n’a pas d’importance. Il croit toujours qu’il en trouvera de meilleurs.

 

 

10/06/2013

Mon voleur de baisers...

 

baiser

Tableau venu du Web.

 

 

Tu frappes au coin de mon menton et Tu demandes abri en invoquant timidement l’asile politique. Ce n’est qu’une fois sur mes lèvres que Tu révèles Ta véritable identité, dans un goût insolent de parfum suave et d’ennuis à venir. Tu éludes la barrière de mes dents d’un liquide tiède de messages chiffrés. Tu envahis mon palais d’un murmure de paroles étouffées et Tu mets ma bouche à feu et à sang en tournant comme la grande roue des manèges. Enfin, tu me souffles à la gorge toutes Tes promesses d’avenir.

Et Tu ris, heureux.

Tu es chez Toi. Sois le bienvenu...



08/06/2013

Le rouge et le blanc.

 

Coquelicots, paquerettes

Photo © jmboix.


 

Je me souviens d’un mois de juin d’il y a plus de deux décennies.

J’étais dans un train. Il traversait une plaine entière de champs laissés en jachère.

Partout, à perte de vue, des coquelicots et des pâquerettes, côte à côte.

Comme la  thèse et l’antithèse. Le rouge et le blanc. La frénésie et le calme mêlés.

Il fallait seulement savoir les déchiffrer. Pour moi, ils parlaient d'un adieu... C'est l'Italie que je quittais. Et l'amour de mes vingt ans.

Il existe de même tout autour de nous de nombreux livres non écrits que nous ne prenons pas la peine de lire : la forme des maisons, des meubles, d'un arbre. Un corps. Une main légèrement pliée telle un lys sur notre épaule.

Et pourtant ces livres sans titre disent des choses…Nous les savons d’instinct ou bien elles nous demeureront inconnues.

Mais ils sont là, ces livres sans pages. A lire, à vivre. Comme la beauté, Comme une intimité inattendue. Comme certaines scènes. Celles que nous n'oublierons jamais.

La forme ultime du désespoir. Ou de la perfection…

 



02/06/2013

Au coeur des fleurs...(Chanson).

 

amour, poésie, poème

Photo © temporary-peace sur Deviantart.

 

 

Y a d’ la poussière dans mon cœur,

C’est d’la poussière sur des fleurs.

On me dira : « C’est beau les fleurs ! ».

Mais…Et la poussière dans mon cœur ?

 

Y a des épines dans mes fleurs,

Juste émoussées au fil des heures.

On me dira : « C’est beau les fleurs ! ».

Mais…Et les épines quand  je pleure ?

 

Y a un visage dans mon cœur

Et une main qui me tend des fleurs.

Je lui dis : « Tu es le bonheur ! 

Mais ne griffe plus jamais mon cœur ! ».

 

 

 

19:00 Écrit par AURORA dans Amour, Chanson, Poésie | Tags : amour, poésie, poème, chanson | Lien permanent | Commentaires (1)

28/05/2013

Art nouveau.

 

poésie,érotisme,amour, art, art nouveau

Photo « venue » du Web.

 

Souvenir d’une exposition…

 

Et l’air se sédimente

Tandis que Tu m’inventes

Sur l’ombre d’un désir:

Tout devient lourd.

 

Je veux que Tu me voies,

Stupéfaite et stupéfiante,

Mon double et moi

Tout à la fois.

 

Regarde-moi

Qui abdique à cette heure

Retournant sur mes pas.

 

De Tes doigts,

Fais de moi ton tableau

D’Art nouveau...

 







23:20 Écrit par AURORA dans Amour, Art, Erotisme, Poésie | Tags : poésie, érotisme, amour, art, art nouveau | Lien permanent | Commentaires (1)

26/05/2013

Ton visage entre mes mains.

 

amour, érotisme, poésie, photographie, Olga Shelegeda

Photo « Love me » © Olga Shelegeda.

 

 

Ton visage entre mes mains,

J’ai embrassé Ton baiser

Pour que demeure à jamais

Ton souffle lié au mien.

 

Troublée, je me suis perdue,

Ton visage entre mes mains,

Tu étais nu, j’étais nue,

Déjà pointait le matin.

 

Et ainsi, j’ai revécu

Mes émotions de satin

Lorsqu’enfin, je T’ai bu

Ton visage entre mes mains.






22/05/2013

En mémoire de Ray Manzarek et des Doors...


 

La seconde des portes s’est fermée.

Ray Manzarek nous a quittés hier à l’âge de 74 ans.

Celui qui fut le « claviériste » des « Doors » est à l’origine de la formation du groupe mythique. S’il n’avait pas rencontré Jim Morrison sur une plage à Venice en 1965, s’il n’avait pas su découvrir que les vers de cet étudiant-poète étaient une fulgurance rimbaldienne, notre génération n’aurait pas brûlé sur « The end », « « Riders on the storm » et tant d’autres…

Eux et leurs deux compagnons furent l’emblème d’un mode de vie, d’une société qui était celle de notre adolescence.

Avec ses pianos et son orgue électrique, c’est Ray Manzarek qui donna leur son aux Doors et Jim Morrison qui leur donna leurs mots.

Il nous laisse aujourd'hui comme Jim Morrison il y a bien longtemps déjà mais ce qui demeure à jamais - et au-delà de la légende même - c'est la musique.

Ecoutons ensemble ce « Light my fire » en public qui date de 1968 : on y entend Ray Manzarek chanter avec Jim Morrison.

Beau concert quelque part dans les étoiles ce soir entre les deux créateurs de ces « portes » qui resteront toujours l’entrée du pays des merveilles pour qui, comme vous et moi, savons avoir la mémoire des lumières…






15/05/2013

Ils appellent ça un accident.

 

poésie, réflexion, fiction, journal intime, société, Cesare Pavese

 

Photo « venue » du Web.

 

Ce qui trompe le plus, ce sont les points de référence.

Prenez une route par exemple. Vous la connaissez pas cœur. Vous l’avez faite mille fois. Vous vous souvenez de chaque panneau, de chaque virage, des pâtés de maisons qui la bordent. A 11 heures, le soleil est exactement là où il doit être et à 21 heures, il a - comme il se doit - disparu à l’horizon. Ce sont ces certitudes qui nous induisent en erreur. Leur présence est implacable, elle distrait notre concentration et nous rend imprudents. Rien ne détourne plus de la réalité que les objets qui se trouvent là précisément où ils doivent se trouver, là où nous attendons qu’ils se trouvent. Irremplaçables. Si l'un d'entre eux n'y était pas, il serait le signe. Fatidique. Le gri-gri de protection suprême. Mais ils ne font jamais défaut. Ce sont eux qui nous endorment et ne nous permettent pas de voir le nouveau panneau qui marque des travaux commencés le jour même. Et nous basculons dans le précipice, hébétés.

Par contre, si quelqu’un d'habituel et non plus quelque chose vient soudain à manquer, nous avons une toute autre réaction : nous croyons que nous pourrons les remplacer, en avoir de nouveaux, tout neufs, comme l’enfant qui espère l'échange du jouet cassé. Mais c’est tout aussi dangereux d'y croire que de ne pas noter le panneau de signalisation posé ce matin. L’absence de quelqu’un est le vrai présage et si nous ne lui accordons pas notre attention, « nous descendrons dans le gouffre muets », comme l’a écrit Pavese.

 

 

 

01/05/2013

Muguet de Premier Mai (Fête du Travail).

 

Marchandes de muguet en 1911

« Marchandes de muguet en 1911 » - Photo « venue » du Web.

 

 

Nous avons des mains malhabiles

D’égoïstes pressés

Tout au bout de nos bras trop courts.

Et nous ne savons plus

Caresser la peau tendre des enfants

Ni celle, transparente

Et livide des vieillards.

Et nous ne savons plus

Donner autrement

Que machinalement

La pièce à un mendiant.

 

Mais nous réapprendrons !

Ce que nos mains ne savent faire,

Notre cœur nous le dictera

Car le beau muguet des combats,

Celui qui pousse et poussera,

Le blanc muguet du premier mai,

La fleur de solidarité est là…

Ses clochettes d’égalité

Vont sonner et sonner encore

Nous rappelant nos innocences

Et les muguets de nos enfances.





17/04/2013

La Dame Aux Pieds Nus.

 

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Photographie : Modèle AvonelleDryad - Photographe: Eclectic-Vision

 

 

Elle court dans le crépuscule,

La dame aux pieds nus,

Spectre d’organza,

Femme de tempêtes,

 

Epouse des marées,

Elle porte avec elle

Des ouragans

Par les sentiers.

 

D’un pas alerte,

Ballerine blanche,

La rescapée des abîmes

Se nourrit de feuilles.

 

Elle arrive au fleuve

Et d’antiques prières,

Elle exhorte les déesses,

Les  fées des eaux.

 

Au fleuve elle cède

Son cœur furieux,

Son cœur de cobalt

Contre un lit de plumes.

 

Légère et spectrale,

La dame aux pieds nus

S’endort et abandonne

Ses douleurs anciennes.

 

Que le fleuve les noie,

Que le fleuve la garde

Et protège ses rêves

Enveloppés de soie.

 

Pour que demain, à l’aube,

Enveloppée de soi,

La dame aux pieds nus

Ne pleure jamais plus.

 

 

 

15/04/2013

Et qui fait les noyés...

 

Tommy Edwards

Photographie © Tommy Edwards.

 

 

Un jour, nous apprendrons

A lire dans nos cœurs étranges

Et nous ne ferons plus d’erreurs.

Des amours vrais, il y en a bien peu.

Le reste, c’est seulement

Des occasions,

Ou, pire encore, des recherches d’occasions…

Et le prix qu’on les paye

Ou qu’on les fait payer,

Un jour, nous l’apprendrons,

Ne valait pas la première blessure,

Profonde, ô, si profonde,

Ni la première larme

Cette vague qui inonde,

Et qui fait les noyés…






12/04/2013

Ma fierté et ma dignité ne tiennent pas dans un carton d'oubli...

 

amour, journal intime,poésie, peintre, peinture, Vittorio Polidori

Tableau © Vittorio Polidori.

 

Ce que tu fais de moi, ce que tu crois de toi…ne me convient pas.

Tu te places bien plus haut que tu n’es et tu en arrives à vouloir m’ignorer ou - pire encore - me cataloguer et me ranger dans un coin poussiéreux pour m’y oublier. Profits et pertes ? Comme tu te trompes ! Comme tu me connais mal ! Je suis l’alizée. Il suffirait de peu maintenant pour que je m’envole.

Il y a des pièces dans ton esprit où tu voudrais m’enfermer mais elles sont par trop étroites, je n’y entre vraiment pas ni physiquement ni moralement : je m’en évade comme une anguille. Il ne manquerait guère (ou guerre) pour que je sois déjà hors de tes murs, hors de tes mains. Retiens-le bien car ce n’est pas moi que tu retiendras si je décide de m’enfuir.

Il est inutile que tu hurles, que tu essayes de me culpabiliser ou que tu pousses et tentes de me forcer là dedans: je me battrai comme une lionne pour t’en empêcher.

Ne me nomme pas « invasive ». Tu aurais bonne mine si, semblable à un parfum volatil, je choisissais soudainement de changer de flacon et de devenir « transvasive ».

Si tu veux que je ne fasse pas d’histoires, trouve-moi un endroit plus confortable et digne de ce que je suis. Ne perds pas de vue une seule seconde qui je suis. Une femelle cobra. Toi, tu ne le sais plus, mais tous les autres pourraient te le dire : je glisse et ... oops… je ne suis plus là.

Et surtout, prends en compte que ma fierté, ma dignité me rendent aussi visible et précieuse qu’une contrebasse que tu porterais avec toi dans un train.

Ne me malmène pas, n'utilise pas un ton ou des mots blessants, sinon je ne jouerai jamais plus aucun air pour toi.

 



07/04/2013

Souffrance.

 

souffrance, poésie, journal intime

 

« Souffrance » (« Sofferenza ») © Elisabetta Gulino.

 

Ce soir, Madame Fleur Fanée laisse danser mélancoliquement ses doigts dans la rouille de ses cheveux. Elle pense à la jeune fille qu’elle fut, à une maison trop loin et vendue désormais, à la fenêtre d’une chambre fermée par les sceaux du temps. Elle entend chanter des illusions, des échos de ritournelles enfantines, des comptines, des fables, des boîtes à musique. Elle distingue le vent dans les figuiers, les oiseaux nocturnes. Elle se rappelle le goût du bonheur lorsque tout est encore vierge et entier devant soi.

Mais le temps passe… Et il n’y a rien dans cette nuit d’avril. Rien.

Elle est seule. Elle n'est pas coupable mais certains savent punir et seulement punir. Punir pour leurs fautes à eux. C’est tellement facile de faire souffrir quelqu’un et comme cela soulage ! C’est si confortable le silence, l’indifférence, l'injustice, la méchanceté, les mensonges, la lâcheté… Cela évite de se poser des questions, de réfléchir à son propre comportement, à ses pourquoi, à ses comment...
Profondément commode. Aussi  douillet qu'un bon fauteuil.

Jamais discuter, jamais s’expliquer. Des téléphones coupés qui tuent à petit feu. Toujours la même fin de non répondre.

Ce soir, le son que Madame Fleur Fanée reconnaît n’est plus celui du vent dans les figuiers mais un autre que les années récentes lui ont appris : les trois coups du gel qui frappe à la porte, le gel qui tue le printemps, le gel qui glace son cœur et qui fait entrer dans ses yeux un éclat du miroir brisé de la Reine des Neiges.

Elle n’a même plus les larmes pour pleurer et le chasser. Elle est seulement dévastée, ravagée.

Cette nuit, comme bien d’autres nuits déjà, Madame Fleur Fanée ne connaîtra pas le repos.

Elle ne dormira pas.




03:16 Écrit par AURORA dans Amour, Fiction, Poésie | Tags : souffrance, poésie, amour, fiction | Lien permanent | Commentaires (1)

04/04/2013

"L'étoile de mer" ou "Divagations fictives autour d'une photographie de Man Ray".

 

Man Ray, Mains, Etoile de mer, 1928

Photographie « Mains » ou encore «  Etoile de mer » - Man Ray - 1928.

 

Le Tout. Le tout peut se réduire à « Moins que tout ». Le moins que tout peut se réduire à « Tu étais tout pour moi ». Le tu étais tout pour moi peut se réduire à « Si tu avais fait ceci, si tu avais dit cela, alors peut-être tu serais resté tout pour moi ». Le si tu avais fait ceci, si tu avais dit cela, alors peut-être tu serais resté tout pour moi peut se réduire à « Il est difficile d’accepter ces mots ». Le il est difficile d’accepter ces mots peut se réduire à « Deux mains qui se séparent et une étoile de mer qui s’en retourne à l’eau ». Le deux mains qui se séparent et une étoile de mer qui s’en retourne à l’eau peut se réduire au « Silence qui suit un éloignement ». Le silence qui suit un éloignement peut se réduire à « L’un des deux ne s’est pas éloigné de beaucoup ; l’autre, si ». Le l’un des deux ne s’est pas éloigné de beaucoup ; l’autre, si  peut se réduire à « Celui qui ne s’était pas éloigné de beaucoup s’habitue à l’idée que l’éloignement est bien plus fort qu’il ne le croyait ». Le celui qui ne s’était pas éloigné de beaucoup s’habitue à l’idée que l’éloignement est bien plus fort qu’il ne le croyait peut se réduire à  « Je ne te verrai plus très souvent ». Le je ne te verrai plus très souvent peut se réduire à « Je ne te verrai presque jamais ». Le je ne te verrai presque jamais peut se réduire à « Je pense à d’autres choses ». Le je pense à d’autres choses  peut se réduire à « J’ai de nouvelles envies, aller pêcher les étoiles de mer par exemple ». Le j’ai de nouvelles envies, aller pêcher les étoiles de mer par exemple peut se réduire à une idée fixe. L’idée fixe devient un tout. Le Tout.