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07/04/2013

Souffrance.

 

souffrance, poésie, journal intime

 

« Souffrance » (« Sofferenza ») © Elisabetta Gulino.

 

Ce soir, Madame Fleur Fanée laisse danser mélancoliquement ses doigts dans la rouille de ses cheveux. Elle pense à la jeune fille qu’elle fut, à une maison trop loin et vendue désormais, à la fenêtre d’une chambre fermée par les sceaux du temps. Elle entend chanter des illusions, des échos de ritournelles enfantines, des comptines, des fables, des boîtes à musique. Elle distingue le vent dans les figuiers, les oiseaux nocturnes. Elle se rappelle le goût du bonheur lorsque tout est encore vierge et entier devant soi.

Mais le temps passe… Et il n’y a rien dans cette nuit d’avril. Rien.

Elle est seule. Elle n'est pas coupable mais certains savent punir et seulement punir. Punir pour leurs fautes à eux. C’est tellement facile de faire souffrir quelqu’un et comme cela soulage ! C’est si confortable le silence, l’indifférence, l'injustice, la méchanceté, les mensonges, la lâcheté… Cela évite de se poser des questions, de réfléchir à son propre comportement, à ses pourquoi, à ses comment...
Profondément commode. Aussi  douillet qu'un bon fauteuil.

Jamais discuter, jamais s’expliquer. Des téléphones coupés qui tuent à petit feu. Toujours la même fin de non répondre.

Ce soir, le son que Madame Fleur Fanée reconnaît n’est plus celui du vent dans les figuiers mais un autre que les années récentes lui ont appris : les trois coups du gel qui frappe à la porte, le gel qui tue le printemps, le gel qui glace son cœur et qui fait entrer dans ses yeux un éclat du miroir brisé de la Reine des Neiges.

Elle n’a même plus les larmes pour pleurer et le chasser. Elle est seulement dévastée, ravagée.

Cette nuit, comme bien d’autres nuits déjà, Madame Fleur Fanée ne connaîtra pas le repos.

Elle ne dormira pas.




03:16 Écrit par AURORA dans Amour, Fiction, Poésie | Tags : souffrance, poésie, amour, fiction | Lien permanent | Commentaires (1)

Commentaires

il m'arrive de souffrir ainsi

et ce qui me fait le plus souffrir, ce sont les téléphones coupés qui tuent à petit feu, ou les messages que je laisse et auxquels personne ne répond, malgré les questions bien précises et pressantes posées

parfois, je ne sais plus quoi (ou comment) faire, la souffrance est telle que je n'aurais plus envie d'être mère et grand-mère
envie de tout balancer, de m'enfuir ailleurs, très loin, inatteignable

parfois je crie ma souffrance aux autres, à d'autres: mon mari, ma mère...

des inconnus auxquels je regrette aussitôt de m'être inutilement confiée


Puis je me calme, je me dis que "ceux" qui ne répondent pas ont peut-être des problèmes importants, très importants, dont je ne soupçonne même pas l'existence
et parfois c'est le cas, en effet du genre tempête, inondations, maladies graves et subites, accident

et même! je me répète que mes enfants ne sont plus mes enfants, mes bébés, mes tout-petits
qu'ils ne m'appartiennent pas, qu'ils sont les fils et filles du vent!

oui, je me calme, je respire de grands coups, je pense à autre chose, je passe à autre chose
je regarde avec d'autres yeux

et souvent
le miracle se produit!

Écrit par : Kapadoce il | 03/07/2013

Les commentaires sont fermés.