Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

20/04/2013

Bruxelles veut-elle la mort de nos parfums? (article du journal "Le Monde" du 20/04/2013).

 

flacon de parfum

Photo « venue » du Web.

 

Si vous aimez vraiment les parfums et peu importe que vous soyez en possession de 300 flacons ou de 5, il y en a fatalement que vous préférez, qui sont depuis des années votre « signature » et vers lesquels vous retournez toujours à un moment donné ou à un autre.

Dans ce cas, vous vous serez sans doute aperçus qu’ils se sont transformés depuis le moment où vous en avez fait « la rencontre ». Parfois même, vous aurez peut-être renoncé à l’un d’eux parce que vous ne le reconnaissiez plus. Ce n’est pas votre nez qui vous trahit, ni votre peau qui a brutalement viré de pH : votre parfum a tout simplement été « reformulé » par la maison qui le produit.

Jusqu’à il y a quelques années ce terme de « reformulation » était tabou dans la parfumerie.

Les vendeuses vous assuraient que, non, rien n’avait changé. Etrange manière de nous prendre pour des idiotes et de tenter de nous faire croire que nous portions - par exemple - une version de « L’Heure Bleue » de Guerlain identique à celle qui vit le jour en 1912 !

Les « reformulations » ont été tout d’abord du fait de leurs producteurs qui s'y sont trouvés obligés à cause de certains problèmes: matières premières se raréfiant ou en voie de disparition, devenant ainsi des espèces protégées, ou encore composants dont le coût s’était envolé et qui ne permettaient plus de mettre le « jus » en vente à un prix accessible.

Les parfumeurs se sont efforcés alors de maintenir des fragrances - reformulées certes - mais le plus près possible de l’original pendant des décennies.

Vers le milieu des années 70, ils ont même accepté et financé la création de l’IFRA (International Fragrance Association) qui règlemente de manière stricte l’usage des ingrédients et qui a malheureusement abouti à des reformulations inattendues imposées à ceux qui l’avaient soutenue dès la première heure…et aux autres !

En 2003, une loi de la commission de Bruxelles a encore changé la donne : des substances ont été déclarées « allergènes » et mises dans le collimateur. Certains de nos parfums en sont morts : il n’était pas possible de continuer à les mettre sur le marché sans certains de leurs ingrédients et sans en dénaturer complètement la fragrance. D’autres ont subi des « reformulations » si flagrantes qu’ils nous ont définitivement déçus.

Aujourd’hui, voici qu’on attend - dans l’industrie de la parfumerie mais aussi chez nous, simples aficionados - le sort qui sera fait aux conclusions d’un rapport qu’une autre commission de Bruxelles a rendues en juin 2012.

Car, cette fois-ci, le couperet qui risque de tomber serait un désastre : la rose, à cause du géraniol qu’elle contient, pourrait être bannie de la composition de nos précieux flacons. Et avec elle, d’autres matières qui font partie des huiles essentielles d’agrumes. Et d’autres encore.

C’est le journal « Le Monde » qui, dans son édition de ce week-end (article déjà en ligne à lire d’urgence ICI), dévoile le pot aux roses (c’est le coup de le dire !) et l’affolement de la plus grande partie des parfumeurs. Le rapport commandé par Bruxelles au médecin Ian White part en guerre contre nos parfums au nom des allergies qui se développent un peu dans tous les secteurs et qui pourraient, compactées en un seul bloc, affaiblir nos défenses immunitaires.

Les parfumeurs remettent en cause la façon dont l’étude s’est déroulée mais seront-ils écoutés ?

Dans une société qui, à coup de scandales alimentaires, médicaux ou autres, est devenue bien craintive, le principe de précaution risque de faire mouche et de nous priver très bientôt de la plus grande partie de nos parfums bien aimés.

Or, la parfumerie est un art.

Pouvons-nous laisser celui-ci être sacrifié sur l'autel des bonnes intentions?