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15/05/2013

Ils appellent ça un accident.

 

poésie, réflexion, fiction, journal intime, société, Cesare Pavese

 

Photo « venue » du Web.

 

Ce qui trompe le plus, ce sont les points de référence.

Prenez une route par exemple. Vous la connaissez pas cœur. Vous l’avez faite mille fois. Vous vous souvenez de chaque panneau, de chaque virage, des pâtés de maisons qui la bordent. A 11 heures, le soleil est exactement là où il doit être et à 21 heures, il a - comme il se doit - disparu à l’horizon. Ce sont ces certitudes qui nous induisent en erreur. Leur présence est implacable, elle distrait notre concentration et nous rend imprudents. Rien ne détourne plus de la réalité que les objets qui se trouvent là précisément où ils doivent se trouver, là où nous attendons qu’ils se trouvent. Irremplaçables. Si l'un d'entre eux n'y était pas, il serait le signe. Fatidique. Le gri-gri de protection suprême. Mais ils ne font jamais défaut. Ce sont eux qui nous endorment et ne nous permettent pas de voir le nouveau panneau qui marque des travaux commencés le jour même. Et nous basculons dans le précipice, hébétés.

Par contre, si quelqu’un d'habituel et non plus quelque chose vient soudain à manquer, nous avons une toute autre réaction : nous croyons que nous pourrons les remplacer, en avoir de nouveaux, tout neufs, comme l’enfant qui espère l'échange du jouet cassé. Mais c’est tout aussi dangereux d'y croire que de ne pas noter le panneau de signalisation posé ce matin. L’absence de quelqu’un est le vrai présage et si nous ne lui accordons pas notre attention, « nous descendrons dans le gouffre muets », comme l’a écrit Pavese.

 

 

 

Commentaires

Quel beau texte inquiétant, c'est vrai qu'il ferait presque peur, mais si étrange venant de toi (je dois reconnaître que je te connais surtout par la lecture de ton autre blog) et que ça change de te lire ici.
Au moins, on peut mettre un commentaire sur ce nouveau blog.
Mais bravo comme d'habitude, tu as le sens des mots comme celui des pierres qui roulent, une musique bien à toi.

Écrit par : Velvet | 16/05/2013

Chouette, un blog sur lequel je peux reprendre la parole sans me préoccuper de ce que pouvaient être mes anciens identifiants ! Il va falloir que je prenne le temps de fouiller et lire les archives. Je souhaite longue vie à ce nouveau lieu Aurora.

Écrit par : Isabelle Lorédan | 17/05/2013

Ca me rappelle beaucoup de choses

par exemple, au hasard:

un accident! l'avoir aussi sur une route inconnue ou peu connue

un cerf qui surgit devant toi, tu l'as évité de justesse, ton coeur s'affole, mais tu restes sur ta lancée, tu files dans ta carlingue
tu bénis même le ciel qui a fait que...
et tu ne vois pas l'autre en face qui lui n'en doit rien

et hop! c'est comme ça

et l'autre ça peut être moi dans ma voiture, je ne roule pas vite, je suis bien à droite, c'est d'ailleurs une ligne droite

ce fut moi!

ce n'était pas un accident, c'était le cerf!
et lui, a eu la vie sauve!

bonne semaine Aurora

Écrit par : Kapadoce il | 20/05/2013

Verrà la morte e avrà i tuoi occhi

questa morte che ci accompagna

dal mattino alla sera, insonne,

sorda, come un vecchio rimorso

o un vizio assurdo. I tuoi occhi

saranno una vana parola,

un grido taciuto, un silenzio.

Cosí li vedi ogni mattina

quando su te sola ti pieghi

nello specchio. O cara speranza,

quel giorno sapremo anche noi

che sei la vita e sei il nulla.

Per tutti la morte ha uno sguardo.

Verrà la morte e avrà i tuoi occhi.

Sarà come smettere un vizio,

come vedere nello specchio

riemergere un viso morto,

come ascoltare un labbro chiuso.

Scenderemo nel gorgo muti.

Écrit par : Keyser Soese | 21/05/2013

« Quand le mystère est trop impressionnant, on n'ose pas désobéir »

À quoi Saint-Exupéry refuse-t-il de désobéir ? À la nouvelle demande ? Ou au poids des habitudes que le mystère, que la demande risque de remettre en cause ?

Partons dans une autre direction, pour voir. Prenons un autre angle de vue.

Le mystère, le signal, il est vu. Perçu. En revanche, il faut l'avoir non pas vu (c'est généralement le cas), mais intégré. Le cerveau humain de 80% des humains refuse de faire la synthèse les signaux d'alertes envoyés par les centres de l'attention.
Ainsi, lors d'attentats ou accidents, la foule pressée continue de se diriger vers son RER, en se disant « c'est beau, cette fumée sur le toit… »

Alors, à quoi fait référence notre aviateur en incipit ?
Cela dépend du mystère.
Dans tous les cas, le cerveau de 80% des humains choisira la facilité. La solution qui remet en cause le moins d'idées, d'habitudes, de certitudes.
Pour 20% des humains, les signaux d'alerte sont mis ensemble, et déclencheront une réaction.
Salutaire pour les 80% des autres, qui ne pourront plus nier l'évidence, et suivront.

Pour voir un signal, il faut Être. Ou se contenter de suivre.

Écrit par : Ernest | 23/05/2013

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