08/06/2013
Le rouge et le blanc.
Photo © jmboix.
Je me souviens d’un mois de juin d’il y a plus de deux décennies.
J’étais dans un train. Il traversait une plaine entière de champs laissés en jachère.
Partout, à perte de vue, des coquelicots et des pâquerettes, côte à côte.
Comme la thèse et l’antithèse. Le rouge et le blanc. La frénésie et le calme mêlés.
Il fallait seulement savoir les déchiffrer. Pour moi, ils parlaient d'un adieu... C'est l'Italie que je quittais. Et l'amour de mes vingt ans.
Il existe de même tout autour de nous de nombreux livres non écrits que nous ne prenons pas la peine de lire : la forme des maisons, des meubles, d'un arbre. Un corps. Une main légèrement pliée telle un lys sur notre épaule.
Et pourtant ces livres sans titre disent des choses…Nous les savons d’instinct ou bien elles nous demeureront inconnues.
Mais ils sont là, ces livres sans pages. A lire, à vivre. Comme la beauté, Comme une intimité inattendue. Comme certaines scènes. Celles que nous n'oublierons jamais.
La forme ultime du désespoir. Ou de la perfection…
00:09 Écrit par AURORA dans A mon âge et à l'heure qu'il est..., Journal intime, Poésie, Réflexions, Voyage | Tags : poésie, poème, poème en prose, journal intime, réflexions, souvenir, juin | Lien permanent | Commentaires (6)
Commentaires
"Une main légèrement pliée telle un lys sur notre épaule."
Ou bien (et même):
"Un souffle posé moins une rosée contre mon épaule".
JTM
MARDEN
Écrit par : MARDEN | 08/06/2013
Il n'y a pas de coquelicots au Québec, je l'ai toujours regretté. J'aime cette fleur, délicate, effarouchée mais si courageuse, intense et belle.
Marden reprend votre phrase "une main légèrement pliée telle un lys sur notre épaule". Elle est belle. Votre plume l'est particulièrement, l'a toujours été. Disant à demi-mots, à chacun, ce qu'il veut bien y comprendre. N'est ce pas cela l'art ?
À votre âge, à l'heure qu'il est... que de promesses encore possibles. Que d'émerveillements encore à vivre. La romantique en moi aime à croire que les coquelicots flétrissent mais ne se fânent pas. Si le contraire est vrai, de grâce, ne me le dites pas ! Et ne me demandez pas non plus quelle différence je vois entre les deux - se flétrir et se faner - , ce serait trop long à expliquer.. lol
Bonne fin de semaine à vous, Aurora :) Et que la prochaine - semaine - vous trouve radieuse :)
nayz (still and always dreaming)
Écrit par : nayz | 08/06/2013
Oui, le monde est une extraordinaire bibliothèque, pleine de "signes" à déchiffrer avec le cœur. Et le premier "livre non écrit" à apprendre à lire ne serait-il pas soi-même ?
Écrit par : Gaïus | 10/06/2013
soi-même
en personne!
comme beaucoup de petit coquelicots!
j'aime cette main posée sur l'épaule...
Écrit par : Kapadoce il | 13/06/2013
Etre dans un train et traverser un océan de fleurs
as-tu senti le parfum des coquelicots?
il y avait des pavots blancs (teinte légèrement cassée de violine) plantes ornementales qui poussaient dans l'ancien bassin aux carpes koï que les précédents propriétaires avaient comblé de terre comme un immense massif, ils fleurissaient en automne. Aux autres saisons, se côtoyaient des iris bleus, des arômes, quelques timides et frêles coquelicots dont les taches rouges éphémères ensanglantaient la marée blanche et violacée, des bataillons de jacinthes orientales, violettes ou bleu Delpht dont le lourd parfum sucré éclipsait celui discret de toutes les autres. Avaient-elles été rapportées d'Alep?
Autour de cet ancien bassin dont nul sauf moi ne connaissait plus la signification et l'usage, on avaient laissé la haie de buis, symbole d'éternité.
Les arbustes étaient taillés de telle façon que l'on puisse admirer, de l'extérieur cet enchevêtrement floral, sans avoir à pénétrer dans le sanctuaire.
Pour donner passage au maître des lieux, le jardiner avait aménagé une mince trouée dans la végétation, comme pour s'excuser de rompre l'ovale magique. Les branches bien acérées nous égratignaient les mollets lorsque nous osions y pénétrer. Nous demeurions stoïques!
Voilà un lieu que je n'oublierai jamais...
Écrit par : Kapadoce il | 22/06/2013
le rouge et le blanc...
cela m'évoque aussi le visage lunaire de la geisha et ses lèvres de peinture rouge sang
la pourpre cardinale de la souveraineté et du pouvoir et le blanc lys royal et virginal
Écrit par : Kapadoce il | 22/06/2013
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